Il y a des lieux qui nous inspirent, des espaces qui représentent pour nous la bulle de liberté propice à l’écriture. Ils sont différents, bien sûr, d’une personne à l’autre, mais il existe des constantes, des règles partagées par les auteurs. Essayons ici d’en énumérer quelques unes.
Je me souviens d’une époque lointaine où je prenais l’autobus tous les matins pour aller travailler – un travail qui nourrissait peu ma créativité… Un jour, de façon spontanée, je suis descendue quelques arrêts en avance, me suis engouffrée dans un bistrot et, surprise moi-même par mon audace, échappée de mon quotidien, j’ai sorti carnet et stylo sur la petite table ronde, savourant mon café-croissant « volé » à l’horaire et au réalisme. J’actualisais tous mes potentiels, je jetais par dessus bord mes obligations, mes engagements. Délicieuse délinquance !
Dans cet espace-temps arraché à mes habitudes, une rage d’écrire a vu le jour. La révolte face au monde établi m’a souvent inspiré des fulgurances poétiques. L’errance, hors des repères, déclenche des salves de lumière et d’énergie. C’est souvent en s’échappant des contraintes, lors de vacances, lors de visite de lieux inconnus, en pays étranger, au cours d’une attente, que commence à sourdre en nous des sources qui nous inspirent.
C’est le mot « vacance » qui correspond le mieux à cette disponibilité retrouvée ; un moment de grâce, de tout-possible, de vide… grand générateur d’énergie ! Il est normal que le coeur éprouve alors le désir de chanter. Exprimer la liberté, ouvrir le rêve, créer le monde, c’est bien une des fonctions de l’art !
Le temp passe sur notre jeunesse et les contraintes ont tendance à prendre le dessus sur nos habiletés créatives. On met la flamme sous le boisseau pour faire face aux exigences matérielles, et l’on se rend bientôt compte qu’on écrit moins, qu’on s’est adapté à des rythmes plus normatifs. Comment retrouver la flamme ?
Recréer l’espace du délit
Pour garder l’auteur vivant à travers les ans, il faut se promettre des échappées. Oui, les contraintes de la vie sociale, familiale, professionnelle… existent, et être adulte, c’est , d’une certaine façon, s’en accommoder. Pourtant, l’auteur en soi, celui qui cherche à s’affranchir, se nourrit d’un ailleurs. C’est cet ailleurs qu’il s’agit de générer.


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